Aujourd’hui, je me suis réveillée à 9h30, parce que tu dormais bien au chaud dans ton lit sans se soucier de rien…
Aujourd’hui, j’ai regardé, dès tes petits bruits dans le babyphone qui m’ont tiré de ma torpeur, mon téléphone pour voir les dernières infos sur les réseaux sociaux, même dès les pauses de mon sommeil de ma nuit très courte et très hachée, même loin, même depuis ma Belgique adoptive…
Aujourd’hui, j’ai râlé parce que je n’avais pas envie de passer la soirée en dehors de chez moi…
Aujourd’hui, on est allés faire nos courses au supermarché, comme un samedi super ordinaire, avec ton papa, on a planifié les repas de la semaine…
Aujourd’hui, j’ai pris la décision méga banale à la dernière minute d’aller chez le coiffeur puis sortant du coiffeur, d’aller faire un peu de shopping, en te laissant faire une bonne sieste bien au chaud à la maison…
Aujourd’hui, j’ai flotté toute la journée, dans ma tête, dans mon corps un peu engourdi par cet esprit qui refuse de croire que c’est arrivé, que c’est arrivé à nouveau…
Aujourd’hui j’ai pu faire tout ça parce que j’ai la chance d’être en vie.
Une chance que des gens comme moi, des jeunes hommes, des jeunes femmes, des papas, des mamans, des tantes, des frères, des sœurs, de amis, des connaissances, des français, des italiens, des chinois, des algériens, des chrétiens, des musulmans, des juifs, …. n’ont plus, pour avoir été là au mauvais endroit au mauvais moment.
Aujourd’hui j’ai pu faire tout ça parce que j’ai le luxe de n’avoir pas été touchée personnellement dans ces attaques.
Un luxe que ces papas, ces mamans, ces amis qui ont perdu un être cher, ou qui le cherchent encore à l’heure actuelle n’ont plus, bien trop anéantis pour avoir l’énergie de faire autre chose que de respirer, juste de quoi se tenir en vie.
Aujourd’hui ma toute petite Boubou, pour la deuxième de la deuxième année de ta vie, je suis incroyablement choquée au plus profond de mon être de savoir que c’est le monde dans lequel ton papa et moi allons te faire grandir, je n’arrive pas à croire qu’une petite fille si jolie, si douce et si gentille que toi va devoir vivre et déployer tes ailes dans un monde où nous les grands, qui savons, ont peur, ne comprennent pas, ne savons pas quoi faire pour aider, ne savons pas quoi faire pour gagner cette guerre…
Aujourd’hui ma petite Sarah, je te raconte tout ça parce qu’hier pendant que tu dormais, des monstres (oui je suis désolée ma belle, en vérité les monstres existent) ont essayé d’imposer leur monstruosité au monde entier, ont tenté de prouver qu’ils étaient plus fort, ont cherché à se venger de notre liberté de pensée, notre liberté d’action, notre joie de vivre, nos droits et valeurs, ont tout fait pour nous faire croire à tous qu’il n’y a pas d’espoir, qu’il n’y a plus d’espoir, qu’ils vont gagner… et bien non, ma petite doudouce, ils n’ont pas gagné, ni hier soir, ni en janvier dernier, ni à Paris, ni à Beyrouth, ni ici, ni ailleurs…
Aujourd’hui nous nous unissons, plus que jamais pour mettre de l’ordre dans ce monde avant de vous passer le flambeau, vous les hommes et les femmes de demain… Avec ton papa, on te montrera et on t’apprendra que par l’ouverture d’esprit, le respect et l’amour dont on inondera, on y arrivera à la gagner cette guerre…
Je te laisse, ma petite louloutte, avec un magnifique dessin d’une femme que j’apprécie énormément par tout ce qu’elle représente, Julie, hysterikmum pour les réseaux sociaux, qui t’expliquera par son coup de crayon bien mieux que mes mots d’adultes…
Ta maman